L’Autorité des marchés financiers a publié un rapport sur les stratégies mises en place par les fonds d’investissement socialement responsable.

Quelles sont les différentes stratégies extra-financières mises en place par les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) ? C’est notamment pour répondre à cette question que l’Autorité des marchés financiers (AMF) a diffusé, le 14 décembre 2020 sur son site Internet, un rapport pour aider les investisseurs à y voir plus clair.

Pour rappel, les aspects extra-financiers regroupent l’ensemble des critères autres que les performances économiques (évolution du chiffre d’affaires, du bénéfice, de la marge nette…) des entreprises sur lesquels s’appuient les gérants de fonds relevant de l’investissement socialement responsable (ISR) pour constituer leur portefeuille. Dans son rapport de 116 pages intitulé « Les approches extra-financières dans la gestion collective », l’AMF distingue deux grandes stratégies ISR : les approches « relatives » et les approches « absolues ».

Stratégies d’impact ou avec objectif concret

Les secondes, également appelées « stratégies d’impact », visent à sélectionner les investissements en fonction de la réalisation d’un objectif concret mis en avant par l’OPCVM. « Ainsi, un investisseur sensible au sujet du réchauffement climatique pourra souhaiter investir dans un fonds qui n’investit que dans des entreprises contribuant ou compatibles avec une transition écologique et énergétique, ou dans un fonds qui s’engage à n’investir que dans des projets contribuant à produire des énergies renouvelables », illustre le gendarme de la Bourse de Paris

L’AMF souligne que cette stratégie se base sur une promesse qui n’est pas toujours facile à mesurer, ni même à réaliser. En outre, le nombre d’entreprises capables d’atteindre ce type d’objectif est généralement limité et elles appartiennent souvent au même secteur d’activité. Les risques de pertes sont donc plus élevés par rapport à un fonds plus étoffé et constitué de titres d’entreprises de secteurs variés. « Les stratégies d’impact ou avec objectif concret sont en pratique peu développées et réservées essentiellement aux investisseurs institutionnels, qui disposent de l’assise suffisante pour investir dans ce type de projets sans mettre en péril la liquidité et la diversification globale de leur portefeuille d’actifs », observe l’Autorité.

Stratégies « best in class », « bess in universe » ou « best in effort »

Les approches relatives sont plus courantes, car plus aisées à mettre en place. La société de gestion de portefeuille (SGP) commence par définir un ou plusieurs critères (émission de dioxyde de carbone, taux d’absentéisme des salariés, charte anti-corruption…). Pour constituer le fonds, elle sélectionne les entreprises qui les respectent le mieux dans leur secteur (approche « best in class ») ou toutes activités confondues (approche « best in universe »). La SGP peut également choisir non pas les entreprises ayant obtenu les meilleures notes, mais celles ayant réalisé les meilleures progressions de note sur une période donnée (approche « best effort »). Dans tous les cas, l’OPCVM sera composé de titres d’entreprises de différents secteurs, ce qui limite les risques et augmente le potentiel de rendement.

Outre les deux grandes approches relatives et absolues, l’AMF évoque dans son rapport les stratégies d’exclusion qui consistent pour une SGP à exclure les entreprises œuvrant dans des secteurs portant atteinte à l’environnement (charbon, pétrochimie…), à la santé (tabac, alcool…) et/ou à la morale (armement, pornographie…). Enfin, l’Autorité constate que de plus en plus de gérants intègrent, dans leur analyse, les aspects environnements, sociaux et de gouvernance, les fameux critères ESG. Cette approche « ne constitue pas réellement une approche extra-financière en tant que telle mais plutôt un renforcement de l’approche financière par des éléments d’analyse complémentaires. À cet égard, elle doit faire l’objet d’une description appropriée dans l’information délivrée afin d’éviter toute ambiguïté vis-à-vis du porteur et des investisseurs potentiels », estime l’AMF.