L’Autorité des marchés financiers a récemment présenté sa cartographie des risques pour les marchés boursiers cette année.
Un retour quasi à la normale. C’est ainsi que commence la cartographie des marchés et des risques dévoilée le 5 juillet 2021 par l’Autorité des marchés financiers (AMF). « L’impact de la pandémie semble relever du passé sur les marchés d’après les indicateurs de valorisation, de liquidité, ou encore d’après les flux s’investissant sur les marchés financiers, directement ou via la gestion collective », va jusqu’à écrire l’AMF.
Le gendarme de la Bourse de Paris tempère, toutefois, très vite son satisfécit. « La nette amélioration des perspectives économiques ne concerne ni tous les secteurs, ni tous les pays », relativise l’AMF. Tout dépendra à la fois du rythme de déploiement des campagnes nationales de vaccination contre le Covid-19, mais aussi de l’évolution de la crise sanitaire, reconnait l’Autorité.
Pas de prise en compte du variant Delta
Sur ce dernier point, il faut souligner que le rapport de l’AMF a été publié avant la propagation du variant Delta qui a obligé certains pays à durcir leurs règles d’entrée sur leur territoire, voire à réinstaurer un couvre-feu. Des dispositions que les marchés boursiers n’ont, d’ailleurs, guère apprécié...
Nonobstant le variant Delta et une quatrième vague d’épidémie qui risque de freiner la reprise, le grand risque qui pourrait avoir un impact sur le marché actions est l’arrêt des dispositifs d’aides aux entreprises, comme le fonds de solidarité et le prêt garanti de l’État (PGE) en France. Une fois ces soutiens exceptionnels stoppés, l’AMF craint un problème de solvabilité pour les entreprises - notamment celles des secteurs du commerce, du tourisme ou de l’événementiel - qui engendrerait des faillites.
Des facteurs inflationnistes
Le régulateur s’inquiète également de l’envolée des dettes souveraines pour faire face à la crise sanitaire et à la récession. Pour l’instant, les pays occidentaux ont pu s’endetter à moindre frais grâce à la politique des taux bas menée par les banques centrales. Mais si l’inflation continue de progresser, les taux d’intérêt vont augmenter, ce qui va alourdir la charge des dettes publiques.
Or, des facteurs inflationnistes sont en train de jouer. Les goulets d’étranglement dans la production et la pénurie de certaines matières premières tirent les prix vers le haut. Les politiques nationales de relocalisation engagée pour réduire la dépendance aux pays exportateurs (notamment d’Asie) se traduisent par des coûts de production plus élevés. Sans oublier la nécessaire transition écologique. Pour l’instant, les principales banques centrales ne prévoient pas d’augmenter leurs taux directeurs à court terme.
Développement du « private equity »
Autre point positif pointé par l’AMF : le développement du capital risque. L'investissement dans des entreprises non cotées « est appelé à jouer un rôle de soutien au financement en fonds propres des PME, alors que la crise sanitaire a accéléré de profondes mutations dans les secteurs productifs telles que la transition numérique et climatique ». L’Autorité s’inquiète toutefois des niveaux élevés de valorisation dans le « private equity » qui pourraient créer une bulle spéculative.
Enfin, l’AMF s’interroge sur le retour en force des Français sur les marchés actions alors que la détention de titres était au plus bas avant l’épidémie de Covid-19. « Un phénomène contracyclique bienvenu, mais qui doit se confirmer en investissement de long terme avisé », estime l’Autorité.
Source : https://www.amf-france.org/sites/default/files/private/2021-07/20210705-slides-carto-des-risques-2021.pdf