Dans un rapport publié en début d’année, l’Autorité des marché financiers délivre un argumentaire pour aider les conseillers financiers à inciter les Français à acquérir des titres d’entreprise.

Pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), les Français n’investissent pas assez en actions. Le superviseur de la Bourse de Paris trouve cette situation d’autant plus dommageable que ce type d’investissement s’avère le plus rentable sur le long temps, permet de diversifier son épargne (et donc de réduire les risques de perte) et participe au financement de l’économie « réelle », c’est-à-dire des entreprises. C’est pourquoi l’AMF a décidé de diffuser, le 7 janvier 2022, une nouvelle version (la première édition est parue en 2017) de son rapport « Stimuler l’investissement de l’épargne de long terme en actions ».

Destiné en priorité aux professionnels des services financiers (banques, assureurs, sociétés de gestion, agents généraux d’assurance, courtiers, conseillers en gestion de patrimoine), ce document de 57 pages vise à leur donner des arguments pour inciter leurs clients particuliers à davantage investir en actions. Car le régulateur en est persuadé : la grande majorité des épargnants ne changeront leurs pratiques qu’avec l’aide des conseillers bancaires, des agents généraux, des CGP et autres conseillers financiers. Le rôle de ces intermédiaires est d’autant plus crucial que l’influence des « e-brokers » (des courtiers 100% digitaux dont certains ne sont pas implantés en Europe et, à ce titre, non soumis à la réglementation européenne) et des réseaux sociaux dans lesquels pullulent des informations quelque fois trompeuses est grandissante.

Une surreprésentation des placements garantis

En préambule, l’AMF rappelle que 85% des Français épargnent dans l’année, dont 35% de manière régulière. Problème : à peine 10% de l’encours des placements financiers des ménages sont investis en actions détenues en direct. Autour de 7% seulement de nos compatriotes sont actionnaires. Et le surplus d’épargne, généré par le Covid-19 et estimé à 157 milliards d’euros par la Banque de France à la fin du 1er semestre 2021, n’a pas changé la donne, ce surplus ayant alimenté essentiellement les comptes bancaires et les livrets d’épargne. Au final, ces livrets et les supports en euros de l’assurance vie représentent 61% des actifs financiers des particuliers.
Ce tropisme pour les placements sécurisés (le capital des livrets réglementés est garanti par l’État et celui du fonds en euros par l’assureur) s’explique par le refus des Français d’essuyer potentiellement des pertes. Cette attitude semble, toutefois, quelque peu évoluer : 43% des épargnants rejettent tout risque selon le dernier Baromètre de l’épargne et de l’investissement de l’AMF de 2021, alors que le pourcentage était de 50% en 2020 et même de 54% en 2019. Reste que la part de ceux qui accepteraient de prendre davantage de risque plafonne toujours à 5%.

Trois arguments pour lever les freins

Face à cette situation, l’Autorité préconise trois arguments que les intermédiaires financiers doivent opposer à leurs clients. En premier lieu, ils doivent les informer que les rendements des placements non garantis sont historiquement supérieurs à ceux des placements garantis. Sur les 121 dernières années, les actions ont délivré une performance moyenne de 5,3% par an, contre 2,1% par an pour les obligations et 0,8% par an pour les bons au Trésor.
Deuxième argument : le risque des placements en actions diminue nettement avec le temps. Sur une durée de détention de 15 ans et plus, aucune perte n’a été constatée depuis plus de 150 ans sur les actions françaises du CAC 40. Enfin, la diversification géographique et la régularité réduisent le risque et augmentent le potentiel de rémunération. Sur les 33 dernières années, le rendement d’un placement régulier investi en actions internationales (*) s'élève à 6% par an, d’après les simulations effectuées par l’AMF.

(*) Actions françaises, anglaises, allemandes, américaines et japonaises.

Source : https://www.amf-france.org/sites/default/files/private/2022-01/STIMULER%20LA%20DIVERSIFICATION%20DE%20L%E2%80%99%C3%89PARGNE%20DE%20LONG%20TERME%20EN%20ACTIONS_DECEMBRE%202021_3.pdf