La Banque centrale européenne vient de lancer une consultation citoyenne sur son projet de monnaie électronique.

Ce n’est pas tous les jours que l’on demande aux citoyens leur avis sur la création d’une nouvelle monnaie. C’est dire si l’initiative de la Banque centrale européenne (BCE) est à signaler. La BCE a lancé le 12 octobre 2020 une consultation sur Internet (https://epsilon.escb.eu/limesurvey3/434111) sur son projet d’euro numérique. Les ressortissants, mais aussi les entreprises des 19 pays de la zone euro sont appelés à se prononcer sur l’intérêt et les modalités pratiques de cette devise, pour l’heure, totalement virtuelle.

L’euro numérique ne devrait pas exister avant trois ou quatre ans. À l’image des crypto-monnaies, comme le bitcoin, la devise sera créée à partir d’un protocole informatique crypté, appelé « blockchain ». Il s’agira d’une monnaie totalement électronique. Il ne devrait donc pas y avoir de pièces ou de billets de ce nouvel euro.

Paiement sur Internet ou via une « appli »

En revanche, on pourra acheter sa baguette avec l’euro numérique, vraisemblablement via son smartphone, grâce à une application mobile, sur le modèle de Paylib ou Apple Pay. Par virement électronique, les paiements entre particuliers, entre entreprises et sur les sites d’e-commerce seront aussi possibles de manière quasi-instantanée.

Avec l’euro numérique, la BCE poursuit plusieurs objectifs. Le premier est de promouvoir les transactions financières sans contact et ainsi réduire les risques de contamination au Covid-19. Par ailleurs, l’euro numérique « soutiendrait la numérisation de l’économie européenne et stimulerait l’innovation dans le domaine des paiements de détail », peut-on lire sur le site de la BCE.

En cas de fermeture des banques à la suite d’un événement extrême, telle qu’une catastrophe naturelle (séisme, tsunami…), le service continuerait de fonctionner. Grâce à la blockchain, il sera impossible de perdre ou de se faire voler un euro numérique. Les échanges étant entièrement traçables, la BCE pourra plus facilement lutter contre le blanchiment d’argent, voire l’évasion fiscale.

Une réponse au « libra » de Facebook

L’institut de Francfort estime que sa devise électronique sera beaucoup plus sécurisée que les monnaies virtuelles analogues. Sa valeur ne sera pas volatile, comme le bitcoin ou l’ethereum qui enchaînent les hausses et les baisses. Surtout, la BCE garantirait la confidentialité des données des utilisateurs, ce qui n’est pas forcément le cas chez les crypto-monnaies.

Si ces objectifs sont louables, il semble que le véritable but de l’euro numérique est de faire barrage à l’émergence de monnaies échappant au système financier. Ce n’est pas un hasard si l’idée de créer une devise électronique européenne a surgi après l’annonce par Facebook de son projet de lancer sa propre monnaie, baptisée « libra ». L’euro numérique « pourrait jouer un rôle crucial si les citoyens venaient à se tourner vers des moyens de paiement numériques étrangers, ce qui pourrait nuire à la stabilité financière et à la souveraineté monétaire de la zone euro », reconnaît la BCE sur son site.