Les flux nets des placements bancaires des particuliers sont, en cumul sur mars-avril, supérieurs de près de 54 milliards d’euros à leur tendance habituelle. Un phénomène directement lié au confinement.

L’épidémie de coronavirus a sacrément gonflé le bas de laine des Français. D’après un communiqué de la Banque de France publié le 29 mai 2020, l’épargne bancaire des ménages tricolores affiche un surplus de presque 54 milliards d’euros fin avril par rapport à la même période de l’an dernier. Il s’agit d’un des effets indirects du confinement.

Si la grosse majorité des indépendants et des libéraux ont souffert de l’arrêt ou de la réduction de leurs activités à la suite de la crise sanitaire, les salariés ont été relativement épargnés. Certains ont continué à travailler normalement dans les secteurs autorisés à fonctionner (santé, agroalimentaire, distribution, logistique, énergies, télécom, informatique, banque…), tandis que d’autres ont télétravaillé, ont bénéficié du chômage partiel qui leur a permis de toucher 84% de leur salaire net ou ont perçu des indemnités journalières pour garder leurs enfants mineurs à domicile.

Moins de dépenses et presque autant de recettes

Finalement, les salariés (ainsi que les fonctionnaires) ont maintenu peu ou prou leur niveau de revenu durant les six semaines de confinement. Or, les bars, restaurants, cinémas, théâtres et la plupart des commerces étant fermés, ils avaient moins de possibilités de consommer. Avec des dépenses en nette baisse et des recettes quasi-équivalentes, les ménages ont réalisé des économies, contraints et forcés. Ainsi, après 14 milliards d’euros en mars, les dépôts des particuliers (en incluant les entrepreneurs individuels) sur leur compte bancaire ont encore progressé de 13,6 milliards d’euros en avril, constate la Banque de France.

Les Français en ont également profité pour épargner. Les versements sur les Livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) se sont élevés à 5,8 milliards d’euros en mars et à 11,5 milliards d’euros en avril, soit 17,3 milliards d’euros en cumulé sur deux mois. Dans le même temps, l’endettement des ménages s’est amélioré, les flux nets de crédit devenant même négatifs (- 4,2 milliards d’euros) en avril. « Cette contraction signifie que les montants remboursés par les clients bénéficiaires de crédits dans le passé l’emportent sur les nouveaux prêts », explique la Banque de France.

Crédits en repli ou renégociés

Sans surprise, les crédits à la consommation se sont effondrés (- 1,4 milliard d’euros en mars, – 2,4 milliards d’euros en avril). Les transactions immobilières ayant été sensiblement freinées, les prêts immobiliers se sont également réduits (-1,1 milliard d’euros en mars, – 1,8 milliard d’euros en avril). Ces baisses représentent, au total, 17,7 milliards d’euros en deux mois qui ne sont pas imputés sur les liquidités des ménages. Les emprunteurs ont, en outre, profité du Covid-19 pour étaler ou renégocier leurs mensualités de remboursement. Les renégociations de crédit ont représenté 14% des prêts signés en mars, contre moins de 10% en temps normal. « Cela traduit la mise en place de moratoires de crédits, libérant ainsi des marges temporaires de trésorerie pour les consommateurs », souligne la Banque de France.

Hors placements non bancaires (assurance vie, SCPI…) et en comptant les dépôts sur les comptes en banque ainsi que les versements sur les Livret A et les LDDS et en retranchant les crédits, l’épargne financière nette des ménages a augmenté de 22,5 milliards d’euros en mars et de 31 milliards d’euros en avril, d’après les données recueillies par la Banque de France. Soit un surplus de 33,5 milliards d’euros, en cumul.