Il y a en France presque trois fois plus d’entreprises financées par des fonds de capital-risque que d’entreprises cotées, souligne la dernière lettre Vernimmen.
La Bourse n’a pas franchement la cote dans l’Hexagone. Comme le rappelle la dernière lettre mensuelle sur l’actualité financière Vernimmen (en référence à l’économiste français Pierre Vernimmen) diffusée le 23 juin 2020, le nombre de cotations sur la place de Paris est tombé à une trentaine par an, tandis que les sorties de Corbeille dépassent la quarantaine chaque année. Un phénomène qui n’est pas propre à la France. « Le solde entre les fonds consacrés aux introductions en Bourse et ceux consacrés aux retraits de cote est devenu négatif depuis plusieurs années en Europe et aux États-Unis », peut-on lire dans cette lettre de référence, très appréciée des universitaires et des étudiants en économie.
En réalité, il semble que les entreprises se financent de moins en moins sur les marchés financiers et de plus en plus directement auprès des investisseurs. Au niveau mondial, les fonds levés par le « private equity » (capital-risque) se sont élevés à 714 milliards de dollars en 2018, contre 226 milliards de dollars pour les introductions en Bourse. « Aux États-Unis, il y a ainsi deux fois plus d’entreprises financées par le « private equity » (8.000) que d’entreprises cotées. En France, la proportion est de 2,5 (2.200) », illustre la lettre Vernimmen.
Le non coté, un nain comparé au coté
Si le marché du non coté a augmenté ces 18 dernières années deux fois vite que le marché coté, le premier demeure un nain par rapport au second. Il représente à peine 8% de la capitalisation boursière mondiale. « Même si cette part peut sembler faible, on ne rencontre plus aujourd’hui un investisseur qui dise se désintéresser du « private equity ». Au contraire, la plupart veulent accroître la part de leurs actifs consacrée à ce type d’investissement », observe la lettre Vernimen.
Les fonds de pension, les assureurs, les « family offices » (gestionnaires de grandes fortunes) et les fonds souverains investissent de plus en plus dans le non coté. Ils y voient un moyen de diversifier leur portefeuille (et donc de répartir les risques) et d’aller chercher du rendement, alors que les taux d’intérêt sont au plus bas.
Le capital-risque constitue également un bon ticket d’entrée pour acquérir des parts dans des entreprises technologiques. Vernimmen rappelle que la plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Uber a levé de cette manière quelque 21 milliards de dollars auprès d’investisseurs aussi divers que des « business angels » (investisseurs providentiels), de riches clients des banques Goldman Sachs et Morgan Stanley, des chefs d’entreprise (Jeff Bezos, Arianna Huffington…), des fonds d’investissement (TPG, General Atlantic…) et même des célébrités (le rappeur Jay Z…), avant de se faire coter en 2019. Le non coté, l’antichambre parfaite au… coté.