À l’occasion de la publication de son rapport annuel, l’Autorité des marchés financiers a présenté les cinq axes à développer, selon l’institution, pour l’après-crise sanitaire.
Tirer les leçons d’une année 2020 pour le moins particulière pour les marchés financiers, confrontés à des « situations inédites » nées de la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19. À l’occasion de la présentation de son rapport annuel, le 15 avril 2021, l’Autorité des marchés financiers (AMF) – l’organisme public indépendant en charge de veiller à la protection de l’épargne investie en produits financiers, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés – a indiqué avoir identifié « cinq axes à revisiter en profondeur pour permettre aux marchés financiers d’assurer le financement de la reprise ».
Seconder davantage les particuliers investisseurs
Première piste évoquée par le « gendarme de la Bourse » : accompagner la montée en puissance de l’actionnariat individuel. Il faut dire que l’année dernière a été marquée par un net accroissement de l’appétence des particuliers pour la Bourse. L’AMF affirme ainsi avoir « enregistré environ 60 millions de transactions boursières de particuliers en 2020 contre 25 millions les années précédentes ». Un engouement loin d’être retombé depuis.
S’il se réjouit de cette évolution, le régulateur plaide pour qu’elle ne se traduise pas par « des prises de risques excessifs, que ce soit via des produits à fort effet de levier ou en raison de tarifications qui pourraient apparaitre attractives ». Il appelle ainsi à renforcer la qualité des conseils donnés aux clients, appuyant sa démonstration sur les conclusions de la synthèse de ses contrôles de supervision qui témoignent de lacunes dans le recueil des informations sur les investisseurs particuliers et sur l’évaluation de leurs connaissances financières.
Mieux encadrer sur la finance durable
Deuxième axe cité par l’AMF : assurer un meilleur fonctionnement des mécanismes du marché. L’Autorité souhaite mettre l’accent sur « une exigence de transparence », afin de prévenir le abus de marché, mais aussi sur le « développement du dialogue actionnarial, qui peut permettre d’éviter les conflits inutiles ». Dans ce cadre, elle appelle à des progrès dans la procédure de vote électronique (à distance) en direct des actionnaires au cours des assemblées générales.
Le superviseur demande, ensuite, une meilleure structuration du développement des fonds d’investissement labellisés « finance durable », qui ont actuellement le vent en poupe. Il rappelle sa contribution l’an passé au débat européen autour de la commercialisation des produits de gestion collective intégrant des approches extra-financières (ne se limitant pas aux seuls critères comptables), avec le souci de couper court à la tendance au verdissement de façade (« greenwashing ») des produits financiers.
Favoriser l’indépendance financière de l’UE
L’Autorité des marchés financiers prône, par ailleurs, une adaptation du cadre réglementaire et de supervision de la gestion d’actifs dans le but de « mieux maîtriser les risques associés ». Elle précise avoir d’ores et déjà « renforcé son dispositif de suivi pour collecter au quotidien les éventuelles activations d’outils de gestion de la liquidité et les flux des souscriptions et rachats ».
Enfin, l’AMF entend développer la souveraineté financière de l’Union européenne (UE) après la sortie du Royaume-Uni. Près de cinq après l’annonce du Brexit, le régulateur français s’inquiète notamment du retard pris par l’Union des marchés de capitaux.