Selon une récente étude de l’Autorité des marchés financiers, les frais de gestion des fonds répondant à des critères extra-financiers sont en moyenne inférieurs de 0,17% à ceux des fonds standards.
Contre toute attente, les fonds répondant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) présentent des niveaux de frais moins importants que les fonds non-ESG. Telle est la conclusion d’une étude rendue publique le 10 mai 2021 par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et réalisée à partir de l’analyse de 28.480 parts de fonds commercialisés en France entre 2012 et 2018.
Sur ce nombre, 1.515 parts proviennent de fonds ayant reçu le label ISR (investissement socialement responsable), 67 parts de fonds détenant le label Greenfin (transition écologique et énergétique) et 74 parts de fonds arborant le label Finansol (finance solidaire). En comparant les frais de gestion sur encours des parts de fonds labellisés et ceux des parts de fonds non labellisés, il ressort que les premières sont, en moyenne, 0,17 point de pourcentage moins onéreuses que les secondes.
Un écart dans toutes les classes d’actifs
Mieux : l’écart entre les fonds revendiquant une approche extra-financière (ne prenant pas en compte uniquement les résultats financiers des entreprises cotées) et les fonds « classiques » se retrouve dans toutes les classes d’actifs. Il se situe à 0,06 point de pourcentage pour les fonds monétaires (composés de valeurs à court terme, comme des titres de créances négociables, des bons du Trésor ou des obligations à court terme) et atteint 0,32 point de pourcentage chez les fonds diversifiés (composés d’actions et d’obligations très variées sur les plans géographique et sectoriel).
Ces résultats peuvent étonner. Les deux auteurs de l’étude – Pierre-Emmanuel Darpeix et Natacha Mosson, respectivement économiste senior et économiste à l’AMF – ne cachent d’ailleurs pas leur surprise. « Dans la mesure où la prise en compte de critères extra-financiers ajoute une dimension d’analyse pour le gérant (pouvant générer un coût supplémentaire) et induit une restriction sur l’univers des actifs, on aurait pu craindre que les fonds intégrant des approches extra-financières coûtent plus cher », écrivent-ils.
Une stratégie commerciale
Il n’en est rien, alors même que la taille des fonds ESG est généralement moindre, ce qui limite les économies d’échelle. Pour les auteurs, la différence de frais relèverait d’une stratégie commerciale des sociétés de gestion de portefeuille. « Une piste d’explication pourrait résider dans la demande croissante [des investisseurs, NDLR] pour ces produits qui constitueraient des produits d’appel et bénéficieraient ainsi d’une politique commerciale avantageuse sur les frais », avancent-ils.
Cette thèse semble étayée par le fait que, parmi les fonds labellisés, ceux qui revendiquent une approche extra-financière dans leur nom sont moins chers que ceux qui n’en font pas état. Les seconds présentent ainsi, en moyenne, un taux de frais sur encours supérieur de 0,10 point de pourcentage aux premiers.