D’après une récente étude de l’Insee, les trois-quarts des 1% des foyers les plus riches possèdent des actions, contre un Français sur dix en moyenne.

Il est toujours plus facile de prendre des risques financiers… quand on peut se le permettre. Cet axiome est confirmé par la dernière étude annuelle sur « Les revenus et le patrimoine des Français », dévoilée le 27 mai 2021 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

En 2018, 76% des 1% des ménages français les mieux dotés en patrimoine financier possédaient des actions d’entreprises en direct. Le pourcentage tombe à 38% pour les 9% suivants et à 17% pour les 20% encore d’après. En moyenne, à peine 10% de nos concitoyens détiennent des actions en direct (et non via un fonds d’investissement) logées dans un compte-titres ordinaire (CTO), un plan d’épargne en actions (PEA) ou éventuellement dans une unité de compte (UC) d’un contrat d’assurance vie.

Le patrimoine, un facteur discriminant

Ce qui fait dire aux auteurs de l’étude – Luc Arrondel, professeur à l’École d’économie de Paris et directeur de recherche au CNRS ; Jérôme Coffinet, chef du service de méthodologie statistique à la Banque de France – que « les 1% les plus dotés en patrimoine financier possèdent 7,7 fois plus souvent des titres que la moyenne globale ». Ainsi, « plus les actifs sont risqués, plus le niveau de patrimoine est discriminant », concluent les deux économistes.

Différents facteurs peuvent, selon eux, expliquer ce phénomène, comme l’existence de coûts fixes de gestion et de transaction, une aversion au risque souvent moins prononcée chez les personnes aisées, un meilleur niveau de connaissance financière ou encore des effets de seuil sur l’épargne disponible. Mais le niveau de détention des actions ne dépend pas uniquement du montant du patrimoine financier.

Une faible appétence européenne aux actions

L’âge entre également en compte. Contre toute attente, ce ne sont pas les plus jeunes qui prennent le plus de risque : 11% des ménages de moins de 30 ans possédaient des actions en direct en 2018, contre 23% des ménages de plus de 40 ans. « Les écarts entre catégories socioprofessionnelles sont encore plus marqués », constatent Luc Arrondel et Jérôme Coffinet. Si seulement 11% des ouvriers non qualifiés détiennent des actions, c’est le cas de 45% des retraités anciens cadres ou profession libérale.

Autre enseignement de l’étude de l’Insee : le peu d’appétence aux actions n’est pas une spécificité française, mais une généralité européenne. Quelque 11% des Allemands détenaient des actions en direct en 2018, soit autant que les Français. Les Espagnols font légèrement mieux (12%). Et les Italiens sont carrément à la traîne (3% d’actionnaires en direct).