Les arnaques aux placements ont presque triplé l’an dernier sous l’effet de la crise sanitaire, déplore le médiateur de l’Autorité des marchés financiers dans son dernier rapport annuel.
Les crises profitent généralement aux escrocs. L’adage se vérifie une nouvelle fois à la lecture du rapport annuel du médiateur de l’Autorité des marchés financiers (AMF) publié le 19 mai 2021. L’AMF a reçu 95 demandes de médiation issues d’une arnaque en 2020, contre 35 demandes en 2019. Soit presque trois fois plus de dossiers en l’espace d’un an.
Le médiateur du gendarme de la Bourse de Paris lie cette explosion de litiges à la crise sanitaire provoquée par l’épidémie du nouveau coronavirus. Les escrocs exploitent deux phénomènes engendrés par les confinements instaurés pour réduire la propagation du virus : le surcroît d’épargne due à la chute des dépenses de consommation consécutives à la fermeture des commerces, restaurants et autres cinémas estimé à 145 milliards d’euros par la Banque de France ; la généralisation du télétravail qui fait que les Français sont davantage chez eux et utilisent plus Internet.
De fausses sociétés de gestion
Outre les livrets d’épargne offrant un rendement mirobolant, le trading spéculatif, le Forex (marché des devises), le diamant ou les cryptomonnaies comme le Bitcoin, le médiateur de l’AMF a été saisi de nouveaux thèmes d’escroquerie, tels que l’investissement locatif dans des places de parking ou les fausses sociétés de gestion de portefeuille (SGP). Ces dernières proposent d’investir dans des parts de fonds ou de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), totalement fictives.
Les escrocs usurpent de plus en plus souvent l’identité d’une véritable SGP, c’est-à-dire qu’ils n’hésitent pas à utiliser la dénomination, le numéro d’enregistrement et les coordonnées postales identiques ou très proches de ceux d’une société de gestion réellement agréée par l’AMF. « Dans un dossier, un épargnant a indiqué que l’escroc lui avait même enjoint de vérifier que la société pour laquelle il travaillait figurait bien sur le registre des agents financiers (Regafi) », peut-on lire dans le rapport.
La liste noire non exhaustive
Certains escrocs vont jusqu’à citer, dans leurs faux contrats, la réglementation applicable en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme et même à alerter l’épargnant sur les risques d’e-mails ou de sites Internet suspects. À ce propos, le médiateur de l’AMF rappelle que la liste noire des sites frauduleux disponible sur amf-france.org n’est pas exhaustive.
Lorsqu’un épargnant se voit proposer une offre de placement par e-mail et/ou par téléphone, il lui est vivement conseillé de demander l’avis de son conseiller bancaire ou de contacter Épargne Info Service, la plateforme créée par l’AMF pour répondre aux questions des particuliers sur les produits d’épargne, les intermédiaires financiers ou encore les possibles arnaques à l’investissement.
Plus de 20.000 euros de pertes en moyenne
Personne ne semble à l’abri de ce type d’escroquerie. En 2020, les auteurs des demandes de médiation étaient âgés de 22 à 88 ans et étaient issus de toutes les classes socioprofessionnelles (CSP). Toutefois, les cadres supérieurs et professions libérales (21,05% des demandes), ainsi que les retraités (17,89%), étaient surreprésentés. Le montant moyen de la perte moyenne subie s’est situé à 20.233 euros.