Le gendarme de la Bourse de Paris a recensé les principales interrogations des investisseurs particuliers sur l’impact du virus Covid-19 sur les marchés financiers.

Face à la chute des cours de Bourse à la suite de la propagation de l’épidémie de coronavirus, l’Autorité des marchés financiers (AMF) se retrouve assaillie de questions de la part d’épargnants inquiets pour leurs placements investis en actions. L’AMF a donc décidé de publier, le 25 mars 2020 sur son site Internet, une page d’explications qui, promet l’Autorité, sera régulièrement mise à jour.

Comme de nombreux Français, les investisseurs particuliers se demandent pourquoi le superviseur de la place financière parisienne n’a tout simplement pas fermé la Bourse de Paris, afin de limiter les pertes des actionnaires. L’AMF commence par rappeler que ses prérogatives ne lui permettent pas de suspendre la cotation de l’ensemble des valeurs, mais uniquement les plateformes de négociation qui opèrent sur le territoire.

Un remède pire que le mal

Cela signifie qu’elle ne peut pas interdire les transactions de gré à gré (effectuées sans intermédiaires), ni celles exécutées sur les plateformes étrangères. Or, « la moitié des transactions sur les valeurs françaises sont réalisées hors de France », souligne l’Autorité. En outre, le remède pourrait s’avérer pire que le mal.

« Si le marché français était le seul à fermer, cela entraînerait une fuite des transactions sur des marchés étrangers et gèlerait les autres transactions », explique l’AMF. Sur ce dernier point, le régulateur prend comme exemple les fonds communs de placement (FCP) investis dans des titres d’entreprises européennes et que l’on trouve souvent dans les portefeuilles des plans d’épargne en actions (PEA). En cas de fermeture de la Bourse de Paris, ces FCP ne pourraient plus être valorisés puisque les actions négociées sur une plateforme française ne seraient plus cotées.

Une fermeture mondiale des Bourses impossible

Pour que la fermeture du marché français soit efficace, il faudrait qu’elle s’accompagne de celle des marchés européens, voire mondiaux. Un cas de figure quasi-impossible sachant que dans certains pays, tels que les États-Unis, les entreprises se financent essentiellement sur les marchés et non auprès des banques comme en France. Une suspension des Bourses y entraînerait une paralysie de l’économie.

En outre, la fermeture des marchés financiers nécessiterait de pouvoir anticiper leur date de réouverture, comme ce fut le cas après l’incendie en 1968 du Palais Brongniart où se trouvait à l’époque la « corbeille » (le lieu où les actions étaient cotées à la criée) de la Bourse de Paris. Problème : on ne sait pas quand la pandémie du Covid-19 va s’achever et « cela plongerait les investisseurs dans une nouvelle incertitude », estime l’AMF. Enfin, en ne permettant pas aux investisseurs d’acheter et de vendre des actions, ces derniers se rabattraient sur d’autres classes d’actifs, comme les obligations, ce qui déstabiliserait davantage ces marchés.

Une vigilance redoublée pour les placements « alternatifs »

L’autre grande question des épargnants porte sur les placements dits « alternatifs », comme l’investissement dans l’or, les diamants, les métaux précieux (argent, platine…), les grands crus de vins ou encore les panneaux solaires, qui cumuleraient des rendements élevés, une absence de risque et une facilité de souscription. Les escrocs profitent de cette période d’incertitude et de baisse des marchés financiers pour multiplier les offres frauduleuses par téléphone, via des campagnes d’e-mailing, des publicités sur les réseaux sociaux ou encore des bannières sur les sites web.

Certains n’hésitent pas à proposer de faux placements dans le secteur de la santé ou dans des laboratoires travaillant soi-disant à la recherche d’un remède au virus Covid-19. « Gardez bien en tête que si c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement une arnaque », prévient l’AMF. L’Autorité rappelle les règles de vigilance à respecter : ne jamais donner ses coordonnées sur Internet, ne pas répondre aux appels téléphoniques non sollicités et consulter la liste noire de l’AMF des intermédiaires frauduleux que le superviseur réactualise sans cesse.